Il aura donc fallu attendre 2018 pour que Nantes se pare d’une seconde étoile au guide rouge. Et c’est l’île de Nantes qui remporte la palme par l’intermédiaire du jeune Lulu Rouget.
Installé d’abord dans le centre de Nantes puis au pied de la tour Zero Newton, le restaurant ne compte « que » sept années d’activité mais déjà un premier sacre amplement mérité.
C’est à l’âge de 28 ans que Ludovic POUZELGUES donne naissance à Lulu Rouget. Originaire de Nantes, le chef a tout d’abord fait ses armes aux côtés de Vincent Guého à l’Atlantide pour rejoindre ensuite la brigade de la triplement étoilée Maison Troisgros à Roanne.
Enfant du pays, Ludovic POUZELGUES propose une cuisine authentique, ciselée et de cœur. Comme un petit nombre de chefs étoilés, il s’attache à rendre accessible la Grande Cuisine au plus grand nombre.
Cette sincérité se retrouve le midi dans son menu entrée/plat/dessert « Les Yeux Ouverts » au tarif presque donné de 26€. Du haut de ses 37 ans, Ludovic POUZELGUES garde la tête froide et s’affiche déjà comme un très grand monsieur.

Si le restaurant propose également un menu « Les Yeux Fermés » en 3 services à 46€ et en 4 services à 56€, c’est bien du petit-frère dont nous allons parler aujourd’hui.
À ce prix, il va bien évidemment sans dire que l’entrée et le dessert sont imposés. Le choix entre viande et poisson est néanmoins de mise pour le plat de résistance.
Je profite de ce premier passage pour tester tout d’abord l’excellent cocktail Lulu Rouget à base de mangue, clémentine, vin pétillant, gingembre et soupçon de Gin.

Un petit budget certes (13€) mais que la douceur acidulée permet rapidement d’oublier. Et pourtant, j’ai horreur du Gin !
Ce n’est pas parce que le menu affiche un prix dérisoire qu’il s’agit d’être chiche. Fidèle à une certaine école, les amuse-bouches nous parviennent bien vite : deux sablés de parmesan à l’encre de seiche et à la courge.
Un préambule local et de saison mariant peps du parmesan et douceur de la courge.

L’entrée s’enracine un peu plus en pays ligérien avec une quenelle de seiche, Saint-Jacques taillées à cru et courge.

Je ne vais passer par quatre chemins, cette entrée représente TOUT ce que j’aime. Douce et iodée, fondante et ferme, voici une quenelle qui ne manque pas d’une certaine malice sous des atours bien traditionnels et qui fait entrer d’office ce repas dans la cour des grands.
Pour la suite, le choix est donc laissé entre une pièce de veau nantais rôti, céleri et salade braisée ou un rouget (!!), épeautre, épinards et chorizo.
Parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne, je repars à l’assaut des flots.

Que manque-t-il à ce plat si ce n’est une deuxième assiette tant il a un goût de trop peu. La cuisson du rouget respecte la densité et la mâche propre à ce poisson que j’apprécie beaucoup.
L’épeautre amène le croquant et une note terrestre gourmande. Les épinards, brillants et délicieux, rencontrent la légèreté et la douceur de l’émulsion. Comme toujours, l’alliance du chorizo et du poisson fait mouche.
Note de service : le pain servi ce jour (fabriqué à l’excellente Petite Boulangerie de Saint-Félix) était très bon et aurait mérité d’être accompagné d’une petite motte de beurre [Bordier/Beillevaire/n’importe quelle autre référence de qualité].

L’heure est déjà venue de clore cette belle aventure avec un dessert jouant sur les textures et les contrastes du chocolat. Je tiens à dire que ma photo ne rend pas honneur à ce dessert délicat et éphémère qui nécessite d’être dégusté rapidement.

Le jeu de textures est cependant bien visible. Tantôt mousseux, tantôt glacé, tantôt moelleux et tantôt croquant, voici le dessert rêvé des amoureux de chocolat.
Un final qui donne envie d’explorer les talents du Chef sur un menu de plus haute volée (pour les grandes occasions !).
Avec des prestations de cette qualité à ce prix, l’avenir de Lulu Rouget est tout tracé. Espérons seulement que l’arrivée de cette première étoile ne bouscule pas trop la clientèle et le positionnement du restaurant.
Le précieux sésame peut en effet autant être une bénédiction qu’un cadeau empoisonné.
Et pour une cuisine non étoilée mais d’exception au cœur de la ville, direction Pickles Restaurant Nantes où officie tel un Sir le chef Dominic Quirck.
Adresse : Zéro Newton, 4 Place Albert Camus, 44200 Nantes
Horaires : ouvert du mardi au samedi de 12h à 13h30 et de 19h45 à 21h15
Téléphone : 02 40 47 47 98
Réservation : obligatoire